DU COMPOST POUR BERNIERES

Par Yves BEAUDOUX et Nicolas MATHIEU


Une petite équipe de B.O.N. est allée en mai dernier visiter la nouvelle installation de la station de traitement des eaux usées du Syndicat de la Côte de Nacre qui se trouve entre Bernières-sur-Mer et Courseulles-sur-Mer. Cette station, mise en service en l’an 2000, traite les eaux usées et une partie des eaux pluviales de huit communes environnantes, dont Bernières-sur-mer. L'exploitation de la station est confiée par contrat d’affermage à la Lyonnaise des Eaux. Le traitement des eaux usées aboutit à la production de grandes quantités de boues, correspondant aux matières solides contenues dans ces eaux traitées. Mais que fait-on de toutes ces boues ?

1.  La pelle mécanique va prendre les palettes (à gauche) et déchets verts (à droite) pour les mélanger avec les boues qui viennent de la station d’épuration.
1. La pelle mécanique va prendre les palettes (à gauche) et déchets verts (à droite) pour les mélanger avec les boues qui viennent de la station d’épuration.

 


E

n 2007, environ 3 200 tonnes de boues ont été produites. Jusqu’alors, mélangées à de la chaux elles ont été épandues dans les champs mais sont considérées comme des déchets au sens réglementaire du terme. Mais la demande d’engrais naturel dépasse largement l’utilisation par les agriculteurs des boues dans les champs ; et, toujours considérées comme un déchet, les boues ne peuvent être utilisées dans les jardins publics ou privés, ou même pour les jeunes arbres au bord des routes.

D’autre part, un arrêté préfectoral impose de traiter les phosphates contenus dans les eaux usées (phosphates qui proviennent entre autres, des produits ménagers de nettoyage) en particulier dans les stations qui sont situées dans les zones sensibles, près des plages et des stations balnéaires. Les eaux usées devront subir un traitement plus sévère pour éliminer les polluants azotés et phosphorés. Ce traitement additionnel va entraîner une augmentation de 20% du volume des boues produites.

Le besoin de valorisation des boues et le surplus de boues généré par la nouvelle réglementation ont justifié l’installation d’une «  unité de compostage » dont le produit final ne sera plus un déchet mais un produit fini de compost, utilisable comme engrais naturel pour les agriculteurs et les « espaces verts ».

2 .  Entrée des boues dans l’unité de compost
2 . Entrée des boues dans l’unité de compost

Les travaux ont commencé en septembre 2008. Maintenant tout est prêt à fonctionner: bâtiments, machines et pelles mécaniques. Ingénieurs et techniciens vont pouvoir expérimenter la production d’un véritable terreau qui pourra être répandu dans les champs, les forêts, les jardins publics et privés et la restauration des sites naturels.

La préparation du compost, dure plusieurs semaines et s’effectue en trois étapes. La première consiste à mélanger les boues, qui sortent déjà débarrassées de leur contenu polluant azoté et phosphoré, avec un produit complémentaire dit « structurant ». Ce produit est un amalgame de déchets verts, de palettes, et d’autres composantes naturelles recyclées (photo.1). Les boues arrivent directement dans l’unité de compostage (photo 2). Le mélange se fait à l’aide d’une grosse pelle mécanique dans les proportions d’un tiers de boue et de deux tiers de « structurant ».

La deuxième étape est la fermentation. Au cours de cette étape,  la pelle mécanique entasse le mélange dans trois grands casiers en béton perforés à la base pour permettre des arrivées d’air et faciliter la fermentation. Le mélange va rester là quatre semaines. 

3 .  Les thermomètres industriels qui suivent la température de la fermentation sont situés à la base des trois tuyaux verticaux. A coté, une cribleuse pour trier le compost
3 . Les thermomètres industriels qui suivent la température de la fermentation sont situés à la base des trois tuyaux verticaux. A coté, une cribleuse pour trier le compost

La fermentation est surveillée par des thermomètres industriels qui enregistrent en moyenne des températures de 70 degrés Celsius, avec des pointes à 90 degrés (photo 3). Les odeurs associées à la fermentation, sont captées et traitées par des ventilateurs puissants; et l’opération s’effectue en bâtiment fermé.

Enfin, au cours de la troisième étape de compostage qui dure environ six semaines, le compost est trié (voir aussi photo no. 3) et placé dans des casiers de maturation pour achever la fermentation. Une tonne de boue traitée aboutit à 350 kg de compost

L’engrais obtenu est riche en humus, avec une haute teneur en matière sèche : un beau terreau inodore, dépourvu de substances pathogènes, entièrement stabilisé et hygiénisé. Le produit doit répondre à des critères de qualité physico chimiques et biologiques qui doivent correspondre à la norme officielle NFU – 44 – 095. Les premiers essais de production ont commencé fin mai 2009 et vont durer plusieurs semaines, temps nécessaire à la fermentation et à la maturation, auquel on doit ajouter les contrôles et la mise au point qui suivent une première expérience.

Alors tenons nous tous prêts: bientôt les fleurs, fruits et légumes de nos jardins pousseront bien vite et sans peine grâce au compost de Bernières !